|
Le roman commence sur une route. L’homme qui marche ne possède presque rien, pas encore un nom. Nous savons qu’il marche depuis sept jours et qu’il arrive dans une ville. Marcher ne relève pas tant d’une activité gymnique que d’une activité de perception, une « tentative d’expédition dans le réel». Mais d’où vient cet homme ? Quelle est sa destination ? En fait, les distances ne comptent pas, l’origine s’est dissipée et la destination n’a guère plus d’importance qu’un simple point sur la carte. Ce marcheur obstiné n’a qu’un seul but : « tuer le temps ». Ce n’est cependant pas une forme d’ennui romantique ou d’inactivité programmée. Ce serait plus radicalement la volonté de se débarrasser d’une mémoire servile.
Locus horribilis, la ville « dont l’unique fonction semblait être l’égorgement des porcs » se referme comme un cauchemar sur le visiteur. Du cauchemar elle possède les attributs et les imprégnations, les relents oniriques ; dans ses recoins des habitants poisseux surgissent, « peuplement de Noirs oubliés, de fillette délaissée, d’épiciers abimés et de monstres de papier ou de chair »… On avance dans ce dédale vers des marges inquiétantes.
Préface de Gilles Cuomo
|
|
|
BRUNO EDMOND oscille dans son écriture entre poésie et roman, sans jamais trop savoir si ses poèmes (À propos de larmes, nuits, Panique, armure-cabane-roulettes, Les cheveux et autres histoires, Vacuités ou les petits équilibristes) sont exactement des poèmes et ses romans (Mahu, Le Voyage du Dité, Dix-sept têtes, L’homme changé en barque) précisément des romans.
Plusieurs de ses textes ont été mis en musique (Jean-Yves Bosseur, Michel Decoust, Richard Dubugnon, Franzktrio), ou adaptés et joués au théâtre, et un triptyque de ses poèmes a été enregistré sur des compositions de Michel Decoust (album Silex / Fransktrio, création au Centre d’art contemporain Noroît à Arras).
Son recueil Vacuités ou les petits équilibristes (éd. Barde la Lézarde) a reçu l’aide à la création du Ministère de la Culture et a été mis en musique (création à Genève, et Cité Universitaire de Paris).
Il a écrit le livret des Kabarets Kassés (création au château de La Roche-Guyon).
Parallèlement à son activité littéraire, il a conçu et organisé avec le Collectif lamachinerie des manifestations et cycles de lectures-concerts, notamment avec le soutien du Centre culturel autrichien et du Centre National des Lettres.
|
|
ALBERT WODA, d’origine polonaise, né à Nice en 1955, vit dans les Pyrénées-Orientales, à Reynes, et travaille dans son atelier de Can Vicens, parmi les grenadiers et les oliviers. Il est graveur taille-doucier, peintre, imprimeur et fondateur des Éditions de l’Eau (« woda » en polonais).
Après l’Ecole nationale des arts décoratifs de Nice, il se spécialise dans la gravure en manière noire, procédé de gravure en creux, qui donne à ses ciels d’orage et paysages une beauté tourmentée et un mystère spirituel qui le situent dans la lignée des peintres hollandais du XVIIe siècle, Ruisdael ou Hobbema.
Ses motifs, nuages, arbres, océan, solitudes et visages enténébrés émergent à peine des profondeurs de l’obscurité, lumières indécises sur le secret de la terre, ou d’un intérieur dérobé.
Albert Woda se consacre à la création de livres d’artiste, ses œuvres dialoguent avec les textes bibliques, ou accompagnent Edgar Allan Poe, Federico Garcia Lorca, et des auteurs contemporains tels que Jacques Lacarrière, André Chouraqui, Salah Stétié.
Il expose à Paris, Bruxelles, Collioure et Céret, et a présenté au Musée de Perpignan, l’été 2019, un ensemble d’huiles sur toile, pour la joie retrouvée de la couleur.
Il prépare actuellement un livre pour l’Imprimerie Nationale.
|
|