Cyril Hériard Dubreuil, écrit, simplement, remarquablement, singulièrement, de façon si percutante, inclassable, implacable, non chiffrable, la terreur et la poésie et les arrangements effrayants qui sont en train de prendre chacune et chacun d’entre nous, depuis que chacune d’entre nous sait, depuis que chacun d’entre nous sait, ou plutôt, entrevoit, sent plus ou moins confusément dans son corps que tout – depuis toujours, mais, peut-être plus particulièrement depuis 1995 – est légalement à acheter et à vendre : le minéral et le vivant.
Mais, son écriture ne donne pas une version politico-militante de la réalité de notre transformation en objets superflus circulant sur des zones d’échange et de la dictature mondialo-commerciale dans laquelle nos cerveaux et nos cœurs sont saisis, mais des fictions monstrueusement architecturées et vivantes, terribles – dont rien de ce qui sort n’est attendu (comme une pseudo-morale bien-pensante), rien n’y est formaté, tout va au fil d’une intuition, la sienne, toujours pleine de surprises – ce qui participe d’ailleurs d’une inquiétude que chacune et chacun peut avoir à la lecture.

Extrait de la préface de Gildas Milin