Non que les textes dits par Violette soient mémorables. Ils sont d’une platitude pathétique, propre à susciter le sourire compassionnel ou l’assassinat littéraire, selon le degré de sympathie qu’on a pour la jeune femme et ses « pauvres mots », comme l’écrivait même Jaufré Rudel des siens. Mais les « pauvres mots » de cet amour de loin moderne s’accompagnent eux aussi de « beaux sons », et leur
petite musique anodine hante la mémoire, s’immisce dans la chair, finit par se confondre avec notre expérience de la réalité, et on ne peut plus les oublier. On ne le veut pas.
Les mots de Violette, l’écriture de Cyril Hériard Dubreuil sont heurtés, comme mutilés d’une partie d’eux-mêmes. La parole est implicite, ou impossible, non qu’elle manque de nécessité, mais parce qu’elle est assaillie par le sentiment de son inanité dans une économie planétaire qui comporte déjà son anéantissement, ou qu’elle est blessée, parce qu’elle poursuit encore le cheminement intérieur de la pensée, avec une évidence qui n’a pas besoin de s’énoncer.
Extrait de la préface de l'Éditeur